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LE VILLAGE TROGLODYTIQUE

La plupart des habitations sont creusées dans une molasse sableuse de miocène dite " safre " dans certaines régions. C’est un grès calcaire tendre qui s’excave sans difficulté à l’aide d’une pioche ou d’une simple herminette.

Vous remarquerez que l’entrée des maisons affouillées dans la roche a été bâtie à l’aide de pierres hourdées au mortier maigre de chaux et de sable.

Les linteaux et les pieds-droits des portes et des fenêtres ont été tirés des carrières de molasse blanche souterraines pour la plupart et dont les entrées s’ouvrent sous le sommet de Bois-Redon. Ce matériau, plus résistant que la molasse sableuse assurait la solidité des ouvertures.

A l’intérieur des maisons, vous trouverez en général une pièce principale autour de laquelle sont creusées diverses alcôves : on peut y remarquer une petite niche ayant abrité la lampe à huile ou la bougie qui apportait un peu de lumière. Les traces de fumée subsistent encore fournissant la preuve de cette utilisation.

Un évier près de la cheminée de la pièce principale situe le lieu d’élection de la ménagère. Les traces du seau d’eau, nécessaire à la vie du foyer, se retrouvent sur l’évier. L’eau était tirée autrefois du vallon des Croîlles, où l’on pouvait en trouver toute l’année, ou bien des puits creusés dans le rocher tout près de la porte d’entrée. Ces puits étaient alimentés par des eaux de pluie s’infiltrant au travers de la roche. Ils remplissaient probablement aussi le rôle de citerne.

Une soue, creusée à quelques pas de la maison, permettait l’élevage du cochon qui fournissait le principal des protéines l’hiver : viande salée ou conservée dans le saindoux.

Le village a été abandonné à la fin du XIXème siècle. Alarmée par les risques constants d’éboulement dans les habitats mal soutenus et la mort de quelques-uns de ses membres ensevelis dans leur demeure, la population s’est repliée dans le hameau de Saint-Pierre de Sénos, au pied de la colline où se situait le relais romain de Sénomagus.

Nous devons à l’Association des amis de Barry l’organisation des travaux de mise en sauvegarde et la restauration de ces habitats, effectués par des jeunes et des bénévoles au cours de " chantiers d’été " sous l’égide de l’Association REMPART avec le soutien de la Région, du Département et l’aide constante de la Municipalité de Bollène.

 

LE VILLAGE MEDIEVAL


Au-dessus du village troglodytique, nous trouvons sur l’éperon rocheux, défendu par le château fort, l’emplacement de l’agglomération médiévale antérieure.

On a utilisé les défenses naturelles que forme l’abrupt rocheux qui limite le plateau sur trois côtés. Au Nord, les restes d’un rempart maçonné barrent encore le passage du côté facilement accessible. On retrouve ce mode d’utilisation d’un éperon barré dans de nombreux sites fortifiés protohistoriques (les oppida)

Il ne reste plus que des traces de la chapelle médiévale, dont le vocable est tantôt celui de Saint-André, tantôt celui de Saint-Vincent. Elle était située au Sud de l’extrémité Ouest du rempart. Le cimetière médiéval la jouxte au Nord-Ouest, et la nécropole post-médiévale, plus vaste, apparaît au sud-est.

 

LE CHATEAU FORT ET SES DEFENSES


XI ème – XII ème siècle, période probable de sa construction. La cartulaire de Richerenches (Commanderie des Templiers) mentionne des donations : Guichard de Barre en 1136, Guillaume de Barre en 1148, Pons de Barre en 1167, Pierre de Barre 1171, enfin Rosteing de Barre ne 1174, auxquels succède les Adhémar. Géraud Adhémar III vends le château au prieur de Bollène en 1227. Le reste du fief sera définitivement acquis par le prieur en 1387, en même temps que le fief de CHABRIERES.

Sa destruction remonte probablement à la fin du XIVème siècle, époque des bandes armées de Raimond de Turenne, qui dévastèrent la Région.

L’entrée du château tournée vers le Sud, a conservé une partie de son dispositif de défense : deux rainures latérales permettaient le passage de la herse qui coulissait verticalement, et les trous ménagés dans la maçonnerie étaient destinés à assurer le déplacement de la barre de fermeture de la porte.

Il faut remarquer les archères triples permettant à trois archers de viser en même temps par la même fente extérieure avec un angle de tir considérablement élargi. Ce système palliait probablement en grande partie l’absence de trous saillants pouvant battre toute la longueur des courtines.